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PATRIMOINE 

Les forges

On ne peut pas évoquer Haironville sans parler des Forges qui sont profondément ancrées dans les racines de l’histoire du village.
Au Moyen-âge, le territoire d’Haironville qui se trouvait dans l’état féodal du Barrois appartenait aux comtes de Bar, puis après 1354 ce territoire passera aux Ducs de Bar.
Le chapitre de Saint-Maxe de Bar était propriétaire, en l’an 1022 du moulin Monchablon situé sur la Saulx, dans un domaine entre Haironville et Rupt-aux-Nonains. Son activité consistait principalement en battants, soieries et papeteries. C’est en 1535 que le Chapitre de Saint-Maxe décida de transformer le moulin Monchablon en forges.

A flan de coteau, sera alors construit un four au lieu-dit « La Haute Forge » et une roue à eau fera fonctionner la soufflerie. Dans les environs se trouvait du minerai en poches et principalement à la minière de Brillon-en-Barrois qui était la plus importante du secteur. Extrait de ces minières, la matière première était cassée et lavée à grande eau dans un « brocard à patouillard », puis stockée près du fourneau de la forge. Sous les grandes futaies des nombreuses forêts du secteur, les charbonniers préparaient le charbon de bois que l’on venait ensuite stocker et abriter à proximité du « gueulard ».

La région a connu un important accroissement de l’industrie du fer et les forges se sont développées d’une façon assez considérable. Dans la vallée de la Saulx, on trouvait des forges et des fourneaux dans les villages de Montiers-sur-Saulx, Morley, Ecurey ou la présence de forges remonte à 1188, Le Bouchon-sur-Saulx, Dammarie-sur-Saulx, Cousances, Robert-Espagne, Jeand’heurs et bien entendu Haironville.
A proximité, dans la vallée de l’Ornain, des forges étaient également en activité dans les villages de Treveray, Givrauval, Gondrecourt-le-Château, Evaux et Saint-Amand-sur-Ornain. Tout proche, le département de la Haute-Marne, pour sa part n’était pas non plus en reste pour la densité de ses forges sur son territoire, bien au contraire.
Ainsi, lorsque l’on pratique la généalogie, on voit des familles travaillant dans la sidérurgie se déplacer d’un lieu à un autre, soit en totalité parfois ou en partie seulement et leurs enfants y faire souche. Les métiers exercés tels ceux de mouleur, de forgeron, de puddleur, et tous les métiers dérivés de la forge et des fourneaux, que l’on rencontre sur les actes d’état civil montrent combien une grande partie de la population locale vivait de l’industrie du fer. On s’explique mieux alors le pourquoi de ces « migrations » locales.
Les productions était très variées, telles la fabrication d’outils, de clous, d’objets ménagers et de taques de cheminées.

Mais revenons à Haironville. C’est vers 1600 que le Chapitre de Saint-Maxe fut autorisé par l’Evêque de Toul, à vendre à Johannès Godin de Saint-Dizier le domaine de Montchablon. A sa mort, sa veuve Catherine Vignette, le revendra à Louis de Lorraine, duc de Guise et seigneur d’Ancerville. Celui-ci chargera le gruyer d’Ancerville de remettre en valeur les forges et les fourneaux. En raison des temps troublés et des difficultés rencontrées, l’exploitation est abandonnée et l’usine louée au « sieur Thirion ». La période est alors traversée par de grands troubles ; grandes famines, pillages, troupes débandées un peu partout, taux de mortalité très important à cause du fléau de la peste et les calamités de toutes sortes.


En 1706, c’est Pierre Bourgeois, administrateur de la Baronnie d’Ancerville qui sera chargé de la direction des forges d’Haironville. En 1721, Philippe d’Orléans cèdera la Baronnie à Léopold, duc de Lorraine et de Bar, mais la pénurie de ses finances ne lui permettra pas d’effectuer les réparations nécessaires pour que la forge puisse poursuivre son activité. Le 23 avril 1723, il aliènera son domaine et en donnera « concession perpétuelle » à Jacques Louis Bourlon de Saint-Dizier, alors sous-fermier de la Baronnie d’Ancerville. Les bâtiments, le fourneau, le moulin et le pressoir étaient dans un tel état de délabrement qu’il ne pourra les exploiter. Il décidera donc de faire démolir les vieux bâtiments de la Haute Forge pour faire réaliser des nouvelles constructions sur une étendue plus vaste. C’est lui, avec son épouse Agnès Bouland, qui fera aussi construire vers 1735 le « le château de la Forge » à façade sur rue avec escalier à rampe en fer forgé et avant-corps central à fronton cintré avec fenêtres ornées de clefs sculptées et murs de soutènement à contreforts cylindriques; domaine qui passera par la suite à la famille Raugel. Après le décès de celle-ci, le château est à l’abandon et menace ruines, c’est alors M.Georges Dumesnil qui en fera l’acquisition et qui assurera sa belle restauration à partir de 1987.
Sous l’impulsion de Jacques Louis Bourlon, pendant environ une dizaine d’années le « domaine » des forges et les matériels d’exploitation seront remis à neuf.
Ce sera son fils, Jean Baptiste Bourlon, successeur de son père, qui continuera à développer les forges d’Haironville. Puis en 1775, il en fera la vente à son cousin Louis François Alexandre Bourlon. Ce sera le fils de ce dernier, Pierre Henri Bourlon, qui lui succèdera en 1784 en reprenant la direction des forges qui fonctionnaient relativement assez bien.

Tout aurait pu continuer ainsi … Mais la Révolution de 1789 viendra tout bouleverser !
Les propriétés seront mises sous séquestre en vertu de la loi du 10 Frimaire de l’an II. Ce sera en vain que Pierre Henri Bourlon tentera de s’opposer à cette prise de possession. La situation générale devenant de plus en plus trouble, il décidera de quitter la région en abandonnant tout. Peu d’informations demeurent de cette période troublée sur les forges d’Haironville, et ce sera le 21 Pluviose de l’an IX qu’un arrêt autorisera la cession du domaine à Pierre Henri Bourlon qui en était demandeur.
Après sa mort, son fils Alexandre Claude Henri Bourlon, vendra le 15 novembre 1829, la forge d’Haironville et ses dépendances à Jean Deminuid de Chavigny.


A partir de 1830 la forge sera louée à M.Chantreaux, puis en 1840, elle sera vendue à Léon Jacquot de Louvemont, maître de Forges, et à Jules Jacquot de Chavigny. Messieurs Jacquot feront alors construire la « Grande Maison », le « Chalet » et leurs dépendances tout en aménageant le parc. Les nouveaux propriétaires moderniseront aussi la forge et ses installations. Après la mort en 1861 de Léon Jacquot, Jules Jacquot fera construire un laminoir dégrossisseur entraîné par une machine à vapeur alimentée par les fours à puddler et un laminoir finisseur entraîné par une turbine hydraulique.
Puis de nouvelles difficultés apparaîtront car les hauts fourneaux au bois seront l’objet d’une vive concurrence par les hauts fourneaux au coke bien plus rentables. Le dernier fourneau au bois à Haironville s’éteindra en 1880. En 1882, Jules Jacquot ne pourra plus faire face et sera déclaré en faillite, puis miné par ces misères, il décédera peu de temps après.
Les forges d’Haironville seront alors mises en adjudication publique. Ce sera sur le conseil de ses amis Paul Varin-Bernier, banquier à Bar, et Auguste Salin, que Henri Godinot, natif de Vitry-le-François, en fera l’acquisition en octobre 1882. Celui-ci remettra rapidement les forges en activité avec quatre fours à puddler et une production de fers fins de première qualité qui feront vite la bonne réputation des forges. En 1885, une voie de raccordement sera construite entre les forges et le chemin de fer à voie étroite « le Tacot » dont la construction, à cette époque, était en cours de réalisation le long de la Saulx. Henri Godinot marquera aussi l’histoire d’Haironville par ses actions particulières, entre autre, l’aménagement de locaux pour recevoir des orphelines recueillies par les religieuses, la construction de la chapelle de l’usine, et diverses actions sociales en faveur des ouvriers. Henri Godinot spécialisera les forges dans le fer puddlé pour produire des pièces délicates comme des rivets pour la construction de la Tour Eiffel et des essieux pour les automobiles.

 


Puis arrivera le 20ème siècle pour écrire une nouvelle page de l’histoire des Forges d’Haironville et de sa transformation. C’est ainsi qu’en raison de la concurrence des fers lorrains, les forges passeront au laminage des tôles minces et la fonderie se transformera en tôlerie vers 1914. L’usine d’Haironville passera au laminage à froid avec l’installation d’une chaîne de galvanisation dans le début des années 1950 …

Les 100 ans des forges

En Meuse, le nombre d’entreprises centenaires est très limité. C’est le cas d’ArcelorMittal Construction basée à Haironville et créée en 1912 sous le nom « Société des forges d’Haironville » avant de devenir SFH puis Haironville SA et de rejoindre en 2006 le giron de Mittal. Elle est aujourd’hui le bateau amiral d’une division du géant de l’acier qui produit des éléments de constructions métalliques pour les bâtiments en France et en Europe (supermarchés, salles polyvalentes, bâtiments de prestige comme le palais Cristal de Bakou où vient de se dérouler l’Eurovision).

Cette filiale du géant de l’acier est l’héritière de forges apparues à Haironville en 1535. À l’époque, on travaillait à partir de minerai de fer pour fabriquer des taques (plaques) de cheminée. Près de 500 ans plus tard et après de multiples soubresauts, le métal fait toujours battre le cœur d’Haironville et les forges sont devenues une tôlerie leader dans son domaine.

« On s’est aperçu un peu par hasard que la société avait 100 ans. L’an dernier, les juristes sont arrivés pour nous demander si on voulait prolonger les statuts de l’entreprise définis pour 99 ans », raconte Jean-Christophe Kennel, directeur général d’ArcelorMittal Construction depuis six mois. « ArcelorMittal Construction est la division aval du groupe, celle en contacts avec la clientèle proche du public. Nos produits sont destinés à 85 % à la construction de bâtiments non résidentiels et à 15 % au résidentiel. Il s’agit d’éléments de bardage et de toiture en tôle. C’est l’enveloppe de bâtiment des supermarchés, des grandes surfaces comme Ikéa, des centrales de logistique, des usines mais aussi des constructions du tertiaire comme les salles polyvalentes, des fêtes ou les hôpitaux. Nos clients sont les constructeurs, les entreprises générales du bâtiment, et les architectes. Pour eux, rien ne doit être impossible. À coup d’innovations, nous répondons à leurs idées et choix de formes, de coloris, de nuances pour construire leurs bâtiments ».

Rivets de la Tour Eiffel

À Haironville, les forges et les fourneaux ont laissé la place aux outils ultramodernes de découpage et profilage de la tôle. Avec les sites de Contrisson, née d’une fusion dans les années 60, il y a aujourd’hui près de 700 salariés en Meuse (dont 250 à Haironville) sur les 1.700 de la division Construction et Distribution de ArcelorMittal. On est aujourd’hui bien loin des plaques de cheminées sorties des fourneaux d’origine ou des rivets de la Tour Eiffel fabriqués en fers fins par les laminoirs et dégrossisseurs du XIXe. Mais aussi des tôles fines, des « camions de peintres », des emballages métalliques et des tuyaux de poêles de l’entre-deux-guerres. Nécessaire pour la fabrication de ces produits, le profilage est maintenant l’activité majeure du site d’Haironville.

Aujourd’hui, les sites de Contrisson traitent, laminent, galvanisent et laquent les bobines de tôles venant des centres de production d’Arcelor-Mittal (épaisseurs de 0,5 cm à 0,75, résistance, durée de garantie, esthétique, couleur) puis les envoient à Haironville pour le découpage et le profilage. « On fabrique selon le look et la forme désirée. Nous ne fonctionnons qu’à la commande. On propose aussi des panneaux sandwiches c’est-à-dire des éléments où l’on injecte une mousse entre deux pièces de tôles selon des critères d’isolation, phoniques et de protection incendie », souligne Jean-Christophe Kennel.

Avec la crise, le marché s’est ralenti. Aujourd’hui, il y a peu de visibilité. Néanmoins, ArcelorMittal Construction entend poursuivre son développement, notamment autour des bâtiments à basse consommation énergétique et en continuant à proposer des laques mêlant originalité et utilité comme la couleur irisée, anti-grafitti ou autonettoyante.

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Les châteaux

Le château de la Varenne et son parc

Château élégant, classé Monument Historique, construit sur une ancienne maison forte, en 1506 par Pierre Merlin, commissaire aux comptes du Duc de Bar. L'architecture est sobre, sans ornements sculptés : on est frappé par l'harmonie des proportions et la pureté des lignes. Aux quatre angles du corps principal, des toits d'ardoise en poivrière coiffent de fines échauguettes. La toiture à quatre pans couverte de tuiles en écailles est aussi haute que la façade... Les deux ailes construites en 1574, délimitent la cour d'honneur fermée par une balustre décorée de vase de fleurs en pierre, elle-même datant du 18ème siècle. Le pigeonnier, privilège royal, jouxte la maison, fier de ses 3000 boulins, témoins de la richesse du propriétaire d'alors... A l'intérieur dans le vestibule, un remarquable et rare plafond Renaissance à caissons de pierre sculptés, voisine avec un escalier monumental à rampe de fer forgé 18ème.

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La conception du parc actuel est réalisé selon les principes en vigueur au 19ème siècle : une prairie, ponctuée de bosquets et ceinturée d'un boisement plus ou moins dense. Ici et là se détache une espèce remarquable par son ampleur (hêtres pourpres, platanes...) ou son originalité (tulipiers de Virginie...). Deux situations s'opposent et se complètent, soit la vision d'ensemble admirée depuis la terrasse, à l'arrière du château, soit la vision fractionnée mais dynamique qui se déroule à partir de la promenade de ceinture. Des bancs de pierre sont disposés comme autant de "stations". Chacune d'elles privilégie une vue sur le château, sur la rivière, sur le vieux pont d'Haironville. Une promenade permet de faire le tour du parc en longeant la rivière ou en traversant par les allées transversales.
Ce parc est inscrit au monuments historiques et labellisé "jardin remarquable".

Le château de la forge

Anobli par Léopold de Lorraine en 1723, Jacques-Louis Bourlon, fermier général des domaines de la baronnerie d'Ancerville, fait édifier ce château. Il s'agit d'un bâtiment rectangulaire de style Louis XV, surmonté d'un toit à croupes couvert de tuiles plates en écaille.

Le château abrite un escalier Renaissance. En 1911, l'historien Pierre-Arthur Lefèvre en devient propriétaire. Epouse de maître Félix Raugel, organiste mondialement connu à l'époque, sa fille le reçoit en héritage. Les habitants d'Haironville connaissent bien le mélomane qui passe ses vacances derrière cette façade ornée d'une tête bouclée sur fond de rayons de soleil. 

Sa façade principale est visible de la rue. 

Le château de la tour

Situé entre deux bras de la Saulx, cette propriété est dans doute une maison forte avant 1500. Acquise par Jean-Louis Bourlon, déjà propriétaire du château de la Forge, elle subit de nombreuses transformations. Elle est vendue en 1805. Un portail monumental à fronton triangulaire remplace le pont-levis d'origine et le château devient ferme, vocation tardive qu'il a gardée. Le bâtiment comprend une cuisine voutée d'arêtes, des plafonds à poutres et solives et des cheminées. 

Château de la Forge
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Pat Haironville Forges
Pat Haironville Châteaux

Le lavoir

Un joli lavoir du XIXème siècle, situé près du pont, porte sur ses murs des graffitis dessinés à la sanguine, datant du passage des Prussiens en 1870. 

Le pont

Le pont d'Haironville est le plus important de la vallée de la Saulx, cet ouvrage à douze arches est orné en son milieu d'une croix de dévotion en pierre. 

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Le relais poste

Prélude du  chemin de fer ? A proximité du pont, la grande maison particulière de 1848 était un relais poste, et sur sa façade, on peut voir le dessin de deux chevaux maintenus par un cocher. 

Photo Philippe DROSNE - oct 2021
Photo Philippe DROSNE - Oct 2021
Pat Haironville Lavoir

L'Eglise Saint-Rémi

Assez austère, cet édifice style néo-classique est construit à l'emplacement de l'ancienne église. Dotée d'une terrasse où se trouve le cimetière communal au XIXème siècle, elle est placée sous le vocable de l'évêque de Reims . Surmontée d'un clocher à trois étages, elle ressemble étrangement à un temple.

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Pat haironville Eglise
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